lost boy - jeve

LOST BOY.

one night, as I closed my eyes I saw a shadow flying high, He came to me with the sweetest smile and told me he wanted to talk for awhile then he said, "Peter Pan, that's what they call me, I promise that you'll never be lonely"  ~ lost boy - ruth b.

"Tu m'aideras à installer mon nouveau canapé, c'est si lourd que mes épaules risquent de se déboîter si je le fais seule." qu'elle avait demandé à son frère qu'elle avait eut du mal à joindre, si bien que c'est pas message texte qu'elle avait formulé sa requête par message texte. Il y avait répondu par la positive, il serait là sans problème. Eve, elle s'était sentie soulagée de recevoir une réponse de son aîné, il faut dire que la visite qu'elle avait reçu à sa boutique de fleurs l'avait pas mal travaillée et la petite blonde n'aimait pas ça. Evelyn n'avait de cesse de se préoccuper du bien être de son frère, si bien qu'il lui arrivait d'en oublier de vivre. Il avait eut tellement de soucis ces derniers temps qu'elle en vint à se demander s'il ne le faisait pas exprès. Elle avait besoin de le voir, d'avoir une conversation avec lui pour mettre les choses au clair, même si la jeune femme savait pertinemment qu'il lui mentirait, qu'il arrangerait la vérité, qu'il tournerait les choses en sa faveur afin qu'elle reste en dehors de ses histoires et qu'elle ne s'inquiète pas pour lui. Une manière aussi, pour lui, d'acheter sa tranquillité, évitant au passage un sermon digne de ce nom de la part de sa petite sœur. Elle avait hâte de le voir, le serrer dans ses bras et s'assurer qu'il allait bien, elle voulait qu'il la rassure. Des cookies et un brownie avaient été préparés spécialement pour sa venue, elle avait même fait le plein de bières. Bref, elle s'était préparée à passer une soirée tranquille en compagnie de l'homme de sa vie.
La journée lui avait semblé durer un mois, les clients ne s'étaient pas bousculés et avaient sans doute préféré profiter des derniers jours ensoleillés en pique niquant en extérieur. Ce qu'elle aurait aimé s'installer sous un arbre et lire un bon livre, jardiner tranquillement au fond de son jardin, faire les boutiques ou bien aller boire un verre en terrasse, mais non, elle avait un devoir et des responsabilités, sans cela, elle n'aurait pas de quoi remplir le réfrigérateur à la fin du mois. Eve s'est affairée à préparer tout un tas de douceurs pour la venue d'Ezra, elle s'en faisait une joie, mais les minutes défilaient et toujours personne. Elle était assise, Eve, sur son vieux canapé attaqué par le temps et tout craquelé alors que sous son porche se trouvait le tout neuf, d'un gris pâle magnifique, sous sa housse de plastique. Le daim qui le recouvrait semblait appeler le derrière de la petite blonde, la suppliant presque de venir s'asseoir sur lui.
Une demi-heure de retard. Elle observait nerveusement sa montre, glissant de longues mèches de cheveux blonds derrière ses petites oreilles en soupirant. La jolie petite blonde finit par ouvrir la porte d'entrée et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir qu'en face d'elle, le poing levé, comme prêt à frapper, se trouvait James. ou plutôt Jamie, comme se plaisait à le surnommer son frère. "James." dit-elle comme un constat, mitigée entre la surprise de le trouver là, l'incompréhension et la déception de ne pas retrouver son frère. "Bonsoir." Elle ne put s'empêcher de jeter un regard par dessus l'épaule de ce dernier, enfin, étant donné que ce type est un géant, elle s'est penchée pour regarder si à sa suite ne se trouvait pas son frangin, mais non. "Je t'en prie, dis-moi qu'il t'a demandé de venir nous aider à transporter le canapé." qu'elle a alors lancé en croisant les bras contre sa poitrine, les sourcils légèrement froncés elle s'efforçait, la gamine, de ne pas montrer sa déception. Dans l'fond, elle n'était pas mécontente de le voir, pourtant, une petite voix dans sa tête lui hurlait que c'était une mauvaise idée, un mauvais plan. "Il ne viendra pas, c'est ça." qu'elle a lâché dans un soupire la gamine. Mais quand se rendra t-elle compte que quand les intérêts de son frère ne sont pas en jeu, il n'en n'a rien à faire, si bien qu'il préfère envoyer son pote plutôt que de se pointer lui-même pour lui venir en aide.

La porte s’ouvrit au moment où j’allais cogner pour m’annoncer, et j’eu probablement l’air aussi surpris qu’elle. Sauf qu’elle, c’était probablement de me voir moi plutôt que son frère ainé qui la surprenait. Il m’avait demandé de passer chez elle à sa place pour l’aider à déplacer des meubles, dont celui qui patientait actuellement sur le porche, je me doutais. Il n’avait visiblement pas pris la peine d’avertir la blonde qu’il m’envoyait à sa place et cela ne m’étonnait qu’à moitié, surtout vu qu’il était particulièrement occupé ces derniers temps.

Je ne sais d’ailleurs même pas pourquoi j’avais accepté. C’était probablement en partie pour faire plaisir à Ezra, puis aussi probablement pour voir Eve. « James. » Je grimaçai légèrement, sans trop m’en rendre compte, parce que personne ne m’appelait plus ainsi. Personne, à part ma mère. Depuis des années, en fait, depuis l’époque où je prenais encore des raclées par mon père, j’avais fait de mon mieux pour éviter ce prénom. Je ne sais même pas pourquoi je ne la corrigeai pas à ce moment-là. « Evelyn. » la saluai-je à mon tour sur un ton quelque peu ironique. « Bonsoir. » Je descellais une certaine déception dans le fond de ses grands yeux, et je ne l’avouerais pas, mais ça m’avait fait quelque chose, parce qu’elle m’avait manqué. Une petite voix dans le coin de mon esprit me cria soudainement que j’étais un imbécile. Je choisis de l’ignorer. « À toi aussi. » Elle se pencha sur le côté pour chercher du regard son frère. En croisant les bras, les sourcils froncés, elle insista comme une gamine. « Je t'en prie, dis-moi qu'il t'a demandé de venir nous aider à transporter le canapé. » Elle avait mis l’accent sur le « nous ». « Pas tout à fait. » avouai-je. Immédiatement, elle confirma à voix haute ce que nous avions tous les deux déjà compris. « Il ne viendra pas, c’est ça. » soupira-t-elle. « C’est ça, mais tu sais, ça me fait plaisir de te voir aussi, et puis venir t’aider est toujours un plaisir. » souris-je, finalement amusé par son attitude de petite fille, mais aussi pour lui faire penser à autre chose, parce que je réalisais que sa déception venait probablement aussi du fait même que son frère n’avait pas pris le temps de venir l’aider.

J’haussai les épaules et changeai de sujet rapidement, reportant mon attention sur le sofa à ma droite. « Donc tu veux faire entrer ça. » Je me passai une main dans les cheveux, espérant secrètement arriver à lever le meuble sans avoir l’air de trop forcer devant elle, orgueil d’homme le voulait. J’étais reconnaissant de ne pas avoir consommé depuis quelques jours, parce que j’étais en forme ce jour-là. « Tu en as surement un à faire sortir avant? » lui demandai-je sans vraiment attendre la réponse, comme en me parlant à moi-même.

« J'aimerais entrer. » lui dis-je finalement. « S'il-te-plait. » rajoutai-je après une seconde.

hrp:

LOST BOY.

one night, as I closed my eyes I saw a shadow flying high, He came to me with the sweetest smile and told me he wanted to talk for awhile then he said, "Peter Pan, that's what they call me, I promise that you'll never be lonely"  ~ lost boy - ruth b.

Elle l'observait avec de grands yeux ronds, un plaisir disait-il. Sa tentative de changement de sujet lui arracha une esquisse de sourire qui étira faiblement ses lèvres, un profonde inspiration prise, elle observait le grand James qui lui faisait face, un bref instant elle réalisa qu'il mesurait presque 2 mètres de haut, presque trois têtes de plus qu'elle, plus de trente centimètres les séparaient. Un court instant elle le jalousa, parce que lui n'avait certainement aucun problème à atteindre les cookies rangés au dessus des placards dans la cuisine, Jamie, lui, n'était pas obligé de sauter afin d'atteindre la poignée du coffre de sa voiture afin de le refermer. Décidément, qu'il était énervant celui-là. Son regard sur lui avait changé depuis la conversation qu'ils avaient entretenus tous deux, le soir où Jamie a débarqué avec un Ezra bien amoché sous le bras, lui même n'était pas en très bon état. Après s'être occupée de son frère qui, à cause des coups qu'il avait dû encaisser, s'était finalement endormi sur son canapé elle en avait profité pour sermonner le jeune homme et l'avait partiellement soigner. Elle n'est pas infirmière la petite blonde, mais elle avait fait de son mieux.
Eve, elle a hoché la tête à sa demande, il leur restait encore un canapé à sortir, lourd, massif et tâché. Elle le regardait glisse une main dans ses cheveux et pendant une fraction de seconde, elle admirait le tableau, ce fut bref, assez pour qu'il ne s'en rende pas compte. "Entrer ?" elle répéta bêtement avant de se rendre compte qu'elle ne le lui avait pas proposé, pourtant il était venu tant de fois avec son frère qu'il semblait étrange à la petite blonde qu'il formule la demande. "Tu es un vampire, tu as besoin d'une autorisation pour passer le pas de ma porte ?" demanda t-elle un pointe d'amusement dans la voix, consciente que sa plaisanterie ne pourrait faire rire qu'elle la petite Eve secoua la tête et s'engouffra dans l'entrée avec à sa suite un Jamie déterminé. "Voilà la bête, il pèse pas loin d'une tonne." souffla la jeune femme en se pointant face à son vieux divan "D'ailleurs, on devait le transporter jusque la décharge, c'est pour ça que j'ai demandé à Ezra de venir m'aider, avec mes petits bras je ne pourrais jamais le transporter jusque là-bas toute seule, mais j'ai un genre de gros support métallique à roulettes sur lequel on peut l'installer pour le faire voyager de chez moi jusque... Jusque la décharge." Débit de parole plus important, elle avait parlé si vite et son esprit semblait embrumé par la simple présence du géant aux yeux d'acier. Elle déglutis avec difficulté, sentant une drôle de chaleur la gagner, pourquoi était-elle mal à l'aise de se retrouver en sa compagnie ? Pourtant Eve, elle n'était pas mécontente d'avoir l'occasion de passer du temps avec le charmant Jamie. Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres alors qu'elle n'osait pas lever le nez vers son compagnon, elle ne tenait plus en place la gamine. "Tu veux une bière, tu as mangé ?" question rhétorique parce qu'elle s'était déjà dirigée vers la cuisine là où elle avait entreposé toutes les bonnes choses et provisions qu'elle avait faites en prévision de cette soirée. "Enfin, tu veux quelque chose ?" toujours sans écouter réellement la réponse elle empoignait deux grandes bouteilles de bières qu'elle eut bien du mal à décapsuler. Ce qui se passait en elle était assez étrange, parce qu'elle en voulait à son frère de s'être défilé et d'avoir envoyé son ami à sa place, d'un autre la simple présence de Jamie la troublait entièrement. Tiraillée entre de la colère et d'autres sentiments qu'elle n'expliquait pas, la pauvre gamine se retrouvait nerveusement perdue. "Tien." dit-elle en s'approchant du géant avec une bière dans chacune de ses mains. Eve ne laissait nullement le choix à James d'en saisir une, une fois chose faite elle fit tinter les deux bouteilles l'une contre l'autre pour trinquer. "Merci, merci d'être venu." finit-elle par lâcher en passant sa main dans sa chevelure blonde qui tombait en cascade de boucles sur ses épaules avant de boire une lampée d'alcool. La soirée promettait d'être intéressante.

Elle approuva d’un signe de tête lorsque je supposai la raison pour laquelle elle avait besoin de moi, ou en tout cas de quelqu’un. À défaut de ne pas avoir été celui à qui elle avait fait appel, j’étais au moins celui qui s’était pointé chez elle pour l’aider. Je ne savais toujours pas pourquoi j’avais accepté, je ne cessais de me le répéter, même si, au fond, je le savais.

Lorsque je lui dis, poli mais quelque peu ironique, que j’aimerais entrer, elle parue surprise. Elle plaisanta sur le fait que je devais être un vampire pour lui demander l’autorisation de passer le pas de sa porte, et je lâchai un petit rire en secouant la tête. Elle fit d’ailleurs la même chose, peut-être par embarra, et je lui avouai, tout en la suivant à l’intérieur. « Pas que je sache. »

Elle me présenta son canapé comme étant une bête, et je dû me rendre à l’évidence, elle n’avait pas exagéré. Il semblait particulièrement lourd, et l’idée même de le transporter à la décharge, même avec un chariot, ne me faisait pas envie. « Je vois. » marmonnai-je. Elle avait parlé si vite que j’étais surpris d’avoir tout compris. Elle rit nerveusement, et je détachai mon regard du meuble pour la regarder, mais elle ne leva pas la tête dans ma direction. « Tu veux une bière, tu as mangé? » Aussi vite dit, aussi vite partie dans la cuisine. La bouche entrouverte, je fronçai un peu les sourcils, amusé, et la suivi, refoulant du mieux que je le voulais, c’est-à-dire très mal, un sourire. « Enfin, tu veux quelque chose? » Elle s’acharnait déjà à décapsuler deux grandes bouteilles de bières, alors j’hochai la tête. « Une bière, c’est parfait. » « Tiens. » Je pris la boisson et imitai son mouvement lorsqu’elle cogna sa bouteille contre la mienne.

Elle passa une main dans ses cheveux et me remercia à deux reprises d’être venu. J’haussai les épaules. « Merci pour la bière. » Elle but une grande gorgée de bière et je la regardai faire, comme hypnotisé pendant un instant, puis détournai les yeux en le réalisant. « Tu es en train de redécorer? » que je lui demandai, plus pour faire la conversation que parce que ça m’intéressait vraiment. Dieu savait à quel point je n’y connaissais rien, y avait qu’à voir mon appartement, les murs y étaient pratiquement vides. Ça avait au moins le mérite d’être propre.

Je la laissai répondre sans trop y prêter attention, mais pas pour être impoli, juste parce qu’une autre question me trottait en tête. « Est-ce que t’es certaine que ça va? » J’haussai de nouveau les épaules, et bu une nouvelle gorgée de ma bière. Sans m’en rendre compte, j’en avais déjà pris quelques unes. Peut-être que j’avais besoin de me calmer, moi aussi. « Tu as l’air bizarre, nerveuse ou un truc comme ça. » Jamais je n’aurais osé imaginer que c’était de ma faute, je pensais surtout à sa boutique. Je pensais au fait qu’elle cachait de la drogue pour un gang dangereux. Enfin, surtout pour son grand frère. Je me demandais même si elle savait. Elle était intelligente, elle s’en doutait, au moins, ça c’était certain. « Je ne veux pas t’insulter, surtout, je voulais juste m’assurer que tout était ok. »

Je tournais en raison et je ne faisais peut-être aucun sens, je m’en rendais bien compte, mais ça avait été plus fort que moi. Et si elle me disait de me mêler de mes affaires? Une nouvelle gorge de bière plus tard et j’en étais à la moitié. J’appuyai une main contre le comptoir, pinça les lèvres un instant en laissant mon regard se promener, l’air songeur, de sa bouche à son cou, puis son épaule, et revenir se planter dans ses yeux. « Pardon. » lâchai-je avec un petit rire gêné. « Je ne veux pas te mettre mal à l’aise, c'est juste que... » Une pause pendant laquelle je me demande si je devrais vraiment lui avouer ce que je m'apprêtais à lui avouer. « J'avoue que je ne sais pas trop comment me comporter avec toi. »

LOST BOY.

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"Si je redécore ?" elle a regardé autour d'elle, puis a haussé les épaules en souriant à demi, telle une enfant. "Non, mais votre dernière esclandre a salement entaché mon canapé et puis, j'avais envie de m'en offrir un neuf, un caprice de fille quoi." mais il la fit réfléchir sur un point, peut-être devrait-elle redécorer sa maison entièrement, repeindre les murs et changer les tableaux. Elle aimait bien l'ambiance que dégageait son intérieur. De nombreuses bougies parfumées trônaient un petit peu partout dans le salon et encore, dans sa chambre c'était pire. Une véritable fanatique de futilités parfumées. Son regard s'était baladé dans la pièce, mais la question de Jamie attira ses yeux sur le géant aux yeux d'acier qui avait presque terminé sa bière. "Bien ?" elle répéta nerveusement, il était vrai que dans la pièce régnait une atmosphère électrique, Eve se demandait si elle dégageait une aura négative au point que ce type si mystérieux ait pu être touché par les ondes qu'elle dégageait, ce trouble qu'elle ressentait. Ce n'était pas désagréable en fait, elle n'arrivait simplement pas à mettre un mot convenable sur ce qu'elle ressentait finalement. "Oui." enchaîna t-elle, menteuse. "Oui, enfin non tien, maintenant que t'en parles..." je ne sais pas trop comment me comporter avec toi. QUOI ?! il l'avait coupé net dans ce qu'elle s'apprêtait à dire, lui raconter la visite impromptue de cet homme de main, envolée l'idée, avec de simples mots il réussit à la troubler d'avantage et pourtant cette fois elle ne se laissa pas démonter, prenant sur elle afin de ne rien laisser transparaître. Il vend de la drogue Eve, il en consomme aussi, il traîne dans de sales histoires... Ferme-la vilaine petite voix de la raison. "J'suis pas très à l'aise non plus." elle venait de terminer sa bière, sans doute l'alcool - en petite consommatrice qu'elle était - eut raison d'elle et l'aida à délier sa langue. "Peut-être qu'on devrait..." elle leva les yeux vers Jamie, un petit sourire au coin des lèvres. "On peut reprendre une bière histoire d'être plus à l'aise, ou alors... Déplacer le canapé et tenter de penser à autre chose." une alternative comme une autre, peut-être était-elle trop effrayée pour affronter ce qui se cachait derrière les mots confus du beau blond. Eve fit le tour du canapé, saisit l'accoudoir et le décolla du mur avec difficulté, après avoir soufflé elle se débarrassait de la bouteille de bière vide qu'elle tenait à la main en la déposant sur la table basse du salon. "Tu pourrais... Tu pourrais agir naturellement. Avec moi je veux dire." finit-elle par balancer, penchée au dessus du bras du canapé, le nez levé dans la direction de James, elle osait croiser son regard, franchement pour une fois. "Tu sais qu'on se connait depuis plus de dix ans et jusqu'à l'année dernière j'étais persuadée que tu était sourd ou muet, tu ne parlais jamais, je n'avais jamais entendu le son de ta voix et pourtant..." son regard s'égara entre les épais coussins du divan, ses cils papillonnèrent et d'un voix lointaine elle ajouta simplement : "Pourtant elle n'est vraiment pas désagréable à entendre."

Lorsque je lui demandai si elle redécorait, surtout parce qu’elle changeait de canapé, elle me parut ne pas trop comprendre pourquoi j’avais fait cette assomption. Elle mentionna que c’était plutôt parce que la dernière fois que j’avais débarqué chez elle avec Ezra sous le bras, tous les deux amochés après nous être battus contre des petits connards de dealer, son frère avait plus ou moins ruiné le meuble. J’haussai les sourcils un instant puis hochai la tête, réalisant que j’aurais dû m’en douter. Je me sentis mal, pendant un instant, mais cette pensée me quitta rapidement, trop concentré sur ce que j’avais à lui demander ensuite.

J’osai enfin lui poser la question qui me démangeait. Je la trouvais étrange, je ne savais pas trop comment l’expliquer. Elle avait l’air mal à l’aise, peut-être. Je me dis alors que c’était aussi probablement en partie parce que je venais de lui en faire la remarque. Elle m’assura toutefois que tout allait bien puis, alors qu’elle ne me convainquait qu’à moitié, elle se ravisa. Je m’empressai de m’excuser et de lui avouer que je ne savais pas comment me comporter avec elle. « J’suis pas très à l’aise non plus. » Je ne sais pas pourquoi, mais l’entendre me dire qu’elle ressentait la même chose que moi, en ce moment, ça m’avait quelque peu rassuré.

Elle leva les yeux vers moi, la bouteille de bière vide à la main et un sourire aux coins des lèvres, puis me donna le choix de prendre une nouvelle boisson ou alors de déplacer le canapé avec elle, question de penser à autre chose. Je me demandai à quoi est-ce qu’elle pouvait bien vouloir penser. Enfin, pourquoi vouloir éviter de penser à ce qui se passait en ce moment? Je la mettais dans un tel état de malaise qu’elle n’avait même pas envie de poursuivre la conversation? Ou alors est-ce que, comme moi, elle était tout simplement étrangement perdue, face à moi?

Eve, elle me fascinait. Je l’avais rencontré il y avait bien longtemps, déjà, mais je ne m’étais jamais permit de la connaître, pas vraiment du moins, tout au long de ces années.

Sans trop attendre ma réponse, elle avait commencé à déplacer, ou tenter, en tout cas, à déplacer le meuble. Elle posa sa bière vide sur la table basse et je jetai un coup d’œil à la mienne. Une gorgée plus tard, la dernière, ma bouteille rejoint la sienne.

Toujours appuyée sur le bras du canapé, elle me balança une remarque qui me frappa comme un coup de fouet. « Tu pourrais... Tu pourrais agir naturellement. Avec moi je veux dire. » J’haussai les sourcils, puis les fronçai légèrement sous l’incompréhension. « Quoi? Mais j’agis norm… » Je m’arrêtai toutefois en plein milieu de ma phrase. Elle avait raison, au fond. À quoi bon essayer de lui faire avaler le contraire? Elle continua dans sa lancée, comme quoi nous nous connaissions depuis si longtemps, mais sans vraiment nous connaître, parce que je n’avais jamais daigné dire le moindre mot en sa présence, semble-t-il. Ma voix, elle m’avoua qu’elle avait l’impression de ne pas l’avoir entendu avant l’année dernière. « Pourtant, elle n’est vraiment pas désagréable à entendre. » Le sourire qui se dessina alors sur mes lèvres fut à peu près le plus sincère que je devais avoir eu depuis plusieurs semaines. « Eve. » Je lâchai un petit rire gêné, comme un gamin, flatté aussi peut-être, mais surtout rassuré, je crois.

Je me mordis la lèvre et penchai la tête. « Je ne dirais pas non à une autre bière, après ça. » Je désignai le monstre matelassé de la main et le contournai pour prendre la place de la blonde un instant. « Attend, je vais juste… » Je me penchai pour soulever le meuble et le décoller davantage du mur et lui faciliter la tâche du même coup pour la suite. Loin de moi était l’intention de jouer au gros bras, j’avais simplement voulu être un peu galant, l’aider. Je posai un genou au sol et lui fit signe de se baisser, elle aussi. « Essaie de t’agripper juste ici. » En se baissant, ses cheveux avaient remués, et son parfum, léger et doux comme toi, terriblement attirant, avait empli mes narines. Les idées quelques peu embrouillées, je la regardai chercher la structure de métal à tâtons, et je pris sa main pour la guider à l’endroit désigné. Le métal y était plus large et, en plus de l’aider à lever le meuble, elle éviterait qu’elle se fasse trop mal aux mains. « Tu sens? Ouais, parfait. » En tournant finalement la tête vers elle, je croisai son regard, et je la fixai quelques secondes, probablement une ou deux de trop, et souris, me raclai la gorge et me redressai.

Le contact de sa peau sur la mienne, j'en avais encore la sensation en me passant la main dans les cheveux. Je contournai de nouveau le canapé pour me position à l’opposé d’Eve. « T'es prête? » Je me penchai pour prendre le même appui qu’elle. « À trois, d’accord? S’il y a quoi que ce soit, fais moi signe. » Je ne voudrais pas qu’elle s’échappe le meuble sur un pied ou quelque chose comme ça, quand même. « Un, deux, trois. »

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Trop de proximité, même si l'abcès avait été partiellement percé, une certaine tension flottait encore dans l'air, rendant l'atmosphère toujours aussi électrique. Il y mettait la meilleure volonté du monde, si bien qu'il lui indiquait où attraper le canapé afin de le transporter sans grande difficulté. Dieu qu'il sentait bon, s'était dit la jeune femme. Un parfum semblable au cuir et au tabac, quelque chose de masculin et de doux à la fois. Une odeur dont, Eve en avait la certitude, jamais elle ne pourrait se lasser. "Oh non, attends !" s'écria alors la petite blonde qui lâchait le canapé si sèchement qu'il heurtait le sol dans un bruit sourd, le choc fut si violent qu'elle aurait juré avoir vu les murs du salon en trembler. Un battement de cil plus tard elle traînait jusque dans le salon la grande structure faite de métal et l'installait de la même manière qu'elle avait lâché le divan trente secondes plus tôt, avec fracas. Installant le bordel juste en face du canapé. Après avoir poussé un soupir la jeune femme reprit sa position, prête à soulever après le nouveau décompte de Jamie. Jamais elle n'avait eut de sa vie à soulever quoi que ce soit de si lourd, comment l'avait-elle fait entrer ici ? Des déménageurs étaient-ils venus le lui installer ou bien Ezra s'était occupé de tout, tout seul ? Impossible de répondre à cette question alors que tous deux déplaçaient le mastodonte jusque sur sa structure mobile. "Il... Il me faut une bière !" grognait-elle alors qu'ils se penchaient tous deux afin de déposer l'animal le plus délicatement possible sur la structure de métal. "Ou un masque à oxygène et... Un massage cardiaque !" s'exclama t-elle alors qu'elle se redressait à bout de souffle. Lui, le géant aux yeux d'acier semblait ne pas être trop fatigué de l'effort fourni, ce qui surpris Eve, si bien qu'elle en sourit, lui adressant un regard admiratif. "Ezra me dit souvent que je devrait faire plus de sport..." elle soufflait, posant ses mains sur ses cuisses, penchant sa tête en avant "Je commence à comprendre pourquoi..." sa voix s'était brisée en un rire à la fin de sa phrase.

Eve finit par s'approcher de son complice, le visage plus détendu qu'au début de cette soirée, un sourire trônait alors sur son visage, naturel et franc. Elle en oubliait presque la colère qu'elle éprouvait quelques minutes plus tôt. La petite blonde saisit l'immense main du géant qu'elle leva et vint faire choquer la pause de sa main contre la sienne. "Une bière, UNE !" toujours dans un petit rire détendu elle se hâta jusque la cuisine où elle décapsula de nouveaux deux bouteilles de bière et en ramena une pour son invité. "Je te regarde avec admiration parce que tu as soulevé le canapé, mais je viens de me souvenir que tu as déjà porté Ezra jusque chez moi, finalement c'est un petit peu la même chose." elle a haussé les épaules la gamine, elle taquinait le jeune homme, lui adressant même un regard malicieux. Tais-toi vilaine voix de la raison qui ne cesse de me hurler d'arrêter ce que je suis en train de faire. Non, elle n'avais aucune idée, en faisant taire cette voix, qu'elle finirait par tomber amoureuse de James comme l'on se prend une branche dans la tronche, sans s'y attendre. Eve fit alors choquer sa bouteille contre celle de son invité, peinant à retrouver son souffle, l'alcool de la piètre consommatrice qu'elle était commençait déjà à lui chauffer les oreilles et tout le corps - je vous assure que c'est possible, moi une bière ça m'atomise la tronche, surtout cette à la tequila. Toute guillerette elle se dirigeait encore vers la cuisine pour ramener de quoi manger, des gâteaux, cookies et douceurs qu'elle jetait dans le vieux canapé. "On va l'emmener de suite, y'a à manger, comme ça si on se perd en chemin, inutile de faire preuve de cannibalisme pour survivre, nous avons des vivres et de l'alcool." le détail étant que s'ils venaient à se faire arrêter par la police alors qu'ils consomment de l'alcool sur la voie publique ils pourraient avoir de gros ennuis, mais Eve, elle s'en moquait. A ses yeux ce canapé sur roulettes avait des airs de bateau de pirate qui leur permettrait de voyager de chez elle à la décharge. La bière donnait à ses joues une légère teinte rosée et une euphorie douce commençait à la gagner. "En route capitaine !" s'exclama la jeune femme qui s'était glissée derrière le bras du canapé pour le pousser vers la porte d'entrée. "Ouvre les deux portes, on va le faire glisser dans les escaliers." ça y est, elle était partie, peut lui importait l'état dans lequel ce foutu canapé arrivait à la décharge, elle n'en voulait plus. "Attention à la nourriture !" dit-elle en donnant de petits coups d'accoudoir dans la jambe du pauvre Jamie qui se trouvait dans son passage.

Essoufflée, elle grogna qu’il lui fallait une bière et j’acquiesçai, totalement d’accord avec elle. « Ou deux. » rajoutai-je même, un grand sourire aux lèvres. À plus d’une reprise, elle avait failli m’écraser - voire me casser, qui savait vu la pesanteur de ce truc – les pieds, mais nous avions finalement réussi à faire monter le vieux canapé sur la structure mobile qui nous permettrait de le trainer jusqu’à la décharge. La blonde avait eu raison, s’acharner ainsi nous avait bel et bien changé les idées, ou en tout cas ça avait eu le mérite de bien détendre l’atmosphère. Je riais à sa plaisanterie et, alors qu’elle s’appuyait sur ses cuisses pour reprendre son souffle, je passai la manche de mon t-shirt sur mon front. Son frère lui dit apparemment qu’elle devrait faire plus de sport et, comme elle me disait qu’elle comprenait maintenant pourquoi, elle lâcha un rire qui fut contagieux.

Sans rien dire, elle s’approcha de moi pour me prendre la main et y faire claquer la sienne. « T’as intérêt. » lui souris-je sous un ton faussement menaçant en la suivant jusqu’à l’entrée de la cuisine. Lorsqu’elle revint dans ma direction, je fis quelques pas vers le canapé en buvant encore deux grandes gorgées de la boisson qu’elle m’avait tendue. Un nouveau rire à sa plaisanterie, puis je secouai la tête et lui fit signer d’attendre en réalisant quelque chose. « Mh, attend. » J’avalai la gorgée que je venais d’entamer, essuyai le coin de mes lèvres du revers de la main et lui tendis ma bouteille. « On n’a pas trinqué. »

Je la regardais aller, ici et là, elle ne semblait pas pouvoir tenir en place, soudainement l’air détendue et les joues rosées. Lorsqu’elle réapparu avec un paquet de friandises et douceurs en tout genre, j’haussai un sourcil. « Je mangerai une de tes cuisses, en premier. La droite, probablement. » lui avouai-je, parfaitement conscient que je ne faisais aucun sens, pour faire suite à sa plaisanterie. Mon regard s’attarda pendant un instant sur la forme que formait sa hanche, joignant ses longues jambes avec sa taille fine et délicate. « Mais c’est vrai que des cookies, c’est bien aussi. » Les yeux de nouveau plantés dans les siens, comme s’ils ne les avaient jamais quittés, je souris.

Elle était déjà prête à partir, me dit d’ouvrir les deux portes pour faire passer l’engin à roulette, et je m’écartai pour la laisser passer avant de m’exécuter. « Une seule condition matelot, je conduis. » J’avais délibérément mis l’accent sur le pronom. Alors qu’elle poussait pour faire descendre le navire improvisé dans les marches, je m’assurai de le retenir sur le chariot, suivant le mouvement à côté, jusqu’au sol.

Je réalisai que j’avais laissé ma bière sur la table basse, à côté des deux qui étaient déjà vides, et je disparu un instant pour aller la chercher. Je ramenai celle de la blonde en même temps et, après avoir fermé la porte derrière moi, je lui tendis.

« Je ne peux pas boire en conduisant, tu sais, alors je vais la finir tout-de-suite, et après on part, ok? » Je bu une gorgée tout en contournant l’obstacle pour finalement m’asseoir sur le meuble et faire signer à Eve de faire de même d’une tape sur le coussin à côté de moi. « Alors, est-ce que c'est le moment où tu m'avoues que tu as changé d'idée, que tu veux ravoir ton vieux canapé? » Je riais. « Parce que je ne suis pas certain que j'ai envie de le faire remonter ces marches là. » J'haussai les épaules et bu une autre gorgée. « Mais qu'est-ce qu'un homme ne ferait pas pour une femme comme toi. »